En langue allemande, le substantif streifen veut dire vaguer/rôder/effleurer/errer. C'est bien ce mot qui m'a attiré vers ce projet. Pourquoi ? Pour les sonorités du mot, parce qu'aussi et surement j'ai aimé apprendre et comprendre la langue allemande jusqu'à l'université. Et cette traduction est intéressante face à la musicalité proposée. Derrière ce nom se cache un duo norvégien, qui nous présente son deuxième album. Eiivind Lonning est à la trompette, Espen Reinertsen au saxophone. Un duo qui a participé à quelques projets dont un quartet avec Tetuzi Akyama et Martin Taxt, puis tout ce petit monde se retrouve aussi en quintet répondant au nom de Koboku Senju avec en cinquième homme, Toshimaru Nakamura. Vous l'aurez deviné, on va parler un peu minimalisme. Le souffle rappelle bien sur la scène allemande, avec Axel Dörner, et également la scène américaine, avec Nmperigm. Mais ici ce qui souffle le plus c'est cette mélodie. J'aurai jamais cru vous parler de mélodie un jour dans Revue et Corrigée ! Pourtant c'est bien le cas. Dans un équilibre pas si instable. Un équilibre entre l'abstrait, le souffle continu et cette mélodie. La résultante en est ce drone qui chantonne ! Si surprenant qu'on s'attache vite à ces sonorités ambiguës, on se laisse emporter facilement dans ces paysages où ces mélodies en question me rappellent quelques musiques de films plus ou moins impressionnistes, un peu nouvelle vague. Il se dégage de ces ambiances sonores des vibrations répétitives absolument chaleureuses, réconfortantes. On sent le véritable travail de longue haleine derrière ce disque. Des boucles naturelles simples qui ne viennent pas par hasard. Quelque chose me dit qu'ils ont dû bucher pour en arriver à ce niveau. Un très grand disque empreint de sincérité, de ritournelles magiques. Surtout, si vous vous trouvez sur Paris en janvier, filez les écouter à la Maison de la Norvège, le 24 de ce mois.