Jazzman

C'est à Paris à l'été 2006 que le guitariste norvégien Kim Myhr et la pianiste français Benoit Delbecq se sont découvert des affinités esthetiques telles que l'envie leur est venue de croiser leurs experiences et de fonder avec le percussionniste Toma Gouband et le trompettiste allemand Nils Ostendorf un groupe de musique improvisée qui saurait s'affranchir des idiomatismes propres au genre. Les quatre hommes auront mis cinq ans à fabriquer leurs outils conceptuels et définir un language commun avant d'enregistrer ce premier disque, mais l'extraordinaire féerie qui s'en dégage est à la mesure de notre attente. Pour dire les choses simplement, les Silencers sont des chercheurs de sons qui connaissent le prix du silence, des coloristes de l'infime nuance pour qui le blanc est la valeur sprême, des arpenteurs de grands espaces qui ont l'utopie de considérer encore la musique comme un continent vierge et immaculé où laisser ses empreintes pour la première fois. Rien de conceptuel pour autant dans cette musique tout à la fois minimaliste et frémissante, profonde et peuplée à la manière d'une forêt nocturne. Animée par les petites tourneries rythmiques elliptiques du piano préparé de Delbecq, bruissante des percussions minérales et végétales de Gouband, à la fois tissée et trouée par les projections et autres entrelacs sonores de la trompette et de la guitare, cette musique fragile et extrêment précise, attentive aux moindres détails et aux nuances les plus délicates, donne constamment l'impression que chaque son, même le plus infime, est l'amorce potentielle d'un développement et d'une ouverture sur l'inconnu. Le plaisir que prend l'auditeur à se perdre dans cres paysages oniriques ramène directement à l'enfance, aux sources de l'imaginaire.